Ma maman

Je sais si peu de choses de ma maman. Et pourtant, nous avons partagé 67 années de vie plus ou moins commune mais elle était si discrète, si secrète, comme je l’étais sans doute aussi un peu. Je sais qu’elle était née en 1911 à Zurich, qu’elle y avait passé une enfance heureuse et qu’au début des années trente, elle était venue à Genève pour parfaire son français. C’est là qu’elle a rencontré Maurice, mon père. Ils se sont installés à Ferney, où mon papa était né et d’où il n’est jamais vraiment reparti.

Voir la galerie photos…

C’était mon père, à n’en pas douter

Nicolas m’a emmené chez Nicolas. Le penseur  négligé m’a invité pour une infusion de cannelle au lait chez le potache de 1920. Et mon regard s’est arrêté sur un profil, celui d’un joueur de dominos, massif, la peau plutôt sombre, soixantaine tassée. Pourquoi cette silhouette m’attirait-elle ainsi? Et pourquoi, lorsque ses yeux se sont tournés vers nous, ne m’a-t-il pas fait un signe de tendresse, comme autrefois? Car ce nez curieux, ces sourcils méfiants chapeautant un regard candide et roué, cette bonhomie alerte, cette sagesse apaisante, c’était mon père, à n’en pas douter. A peine un peu plus bronzé qu’au moment de sa mort. Le peuple du monde est une grande famille.

Lire la suite…