Viennoiseries

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Deux ou trois bachi-bouzouks (c’est le nom que se donnaient naguère les miliciens ottomans) viennent donc de semer la terreur dans le centre de la capitale autrichienne. Mais pourquoi Vienne ? Remontons un instant à l’an de grâce 1529. Depuis une paire d’années, le sultan Soliman étend son empire : Belgrade, Rhodes, Hongrie, Bosnie, Croatie. Pour se rendre maître de toute l’Europe centrale, ne lui manque que Vienne.

Au printemps 1529, 100.000 soldats ottomans assiègent la ville. Parmi eux, 20.000 janissaires particulièrement braves et aguerris. Terrorisés mais déterminés, les Viennois renforcent les murailles et organisent la défense. A trois reprises, Soliman déclenche l’attaque contre cet ultime bastion du Saint-Empire. Trois échecs successifs. Avec l’automne sont revenus les frimas et les pluies. Les soldats turcs tombent malades, leurs chameaux aussi. Le 14 octobre, un dernier assaut se solde, lui aussi, par un cuisant échec. Deux jours plus tard, blessé, Soliman lève le siège. Vienne est sauvée et avec elle, sans doute, les chrétiens d’une bonne partie de l’Europe.

Les Ottomans avaient de la suite dans les idées. 150 ans plus tard, de juillet à septembre 1683, ils assiégèrent à nouveau Vienne avec 130.000 hommes. Les fortifications avaient déjà subi de graves dommages lorsque parvint le renfort des troupes polonaises et que furent définitivement défaite l’armée ottomane.

Faute de farine, le pâtissier de Vienne ne fabriquait plus guère ces fameux petits pains au lait, bien droits, qui avaient fait sa renommée. Pour fêter la victoire, il fabriqua à nouveau quelques-unes de ses friandises préférées et décida de leur donner une forme incurvée, inspirée du symbole ottoman. Le croissant vient de naître. Plus tard, les croissants débarqueront à Paris et les meilleures pâtisseries prendront un nouveau nom : viennoiseries.

Alex Décotte, novembre 2020

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