Ain

Comme tous les départements créés par Napoléon, celui de l’Ain est totalement fictif et regroupe artificiellement des régions totalement étrangères les unes aux autres. C’est particulièrement le cas pour le Pays de Gex, séparé du reste du département par la barrière presque infranchissable du Jura: col de la Faucille (1323 mètres) et passage resserré du Fort l’Ecluse, dans une échancrure du Rhône.

J’ai passé toute mon enfance dans le Pays de Gex, à Ferney, pays de Voltaire, mais j’ai mis bien longtemps à comprendre qui avait été l’illustre habitant de ce lieu qui, à son arrivée, comptait à peine « quarante sauvages » et en recensa plus de mille à sa mort, en 1778.

Quelques mauvais souvenirs, comme ma brève année d’internat au Lycée Lalande de Bourg-en-Bresse. Lugubre. J’y ai heureusement appris à lire la collection complète des San-Antonio, ça compense. Et je n’ai découvert que tardivement l’histoire de Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732 – 1807), astronome, franc-maçon, écrivain des Lumières et correspondant de Voltaire.

Quelques beaux moments comme ceux passés à Meillonnas, dans la maison qui avait été celle de Roger Vailland et où régnait encore, en douceur et en finesse, sa belle et combattante veuve, Elisabeth, nourrie de quatre cultures (russe, juive, française et italienne). C’est à Isabelle Vichniac, russe et juive elle aussi, que j’avais eu le privilège d’entrer dans ce lieu où se succédaient quelques contestataires d’alors, comme Jane Fonda.

Les étangs de la Bresse, le cuisses de grenouilles à Viriat, la magnificence de l’église de Brou, les mystères du lac Genin, les quenelles de Nantua… L’Ain dans l’autre, ce n’est finalement pas si mal.