Je sais si peu de choses de ma maman. Et pourtant, nous avons partagé 67 années de vie plus ou moins commune mais elle était si discrète, si secrète, comme je l’étais sans doute aussi un peu. Je sais qu’elle était née en 1911 à Zurich, qu’elle y avait passé une enfance heureuse et qu’au début des années trente, elle était venue à Genève pour parfaire son français. C’est là qu’elle a rencontré Maurice, mon père. Ils se sont installés à Ferney, où mon papa était né et d’où il n’est jamais vraiment reparti.
Leurs premiers voyages, ils les faisaient à vélo, à travers toute la France. Pendant la guerre, mon père a été envoyé au Brésil, où il devait organiser l’achat de café pour l’armée française – ou ce qui en restait. Ma mère l’a suivi. Que s’est-il passé là-bas ? Ce que je sais, c’est qu’au retour ils n’étaient plus les amoureux qu’ils avaient été avant le départ. Mais j’étais né entre-temps, fin 1944. Nous avons habité la même maison mais nous n’avons jamais été une vraie famille.
Ma mère a fini par quitter mon père et la région. Une nouvelle vie l’attendait dans le Sud de la France, où je n’ai vraiment commencé à la retrouver qu’après la mort de son second mari. Jusqu’à sa mort – centenaire, mazette – nous nous sommes reparlé. Ma mère avait gardé toute sa conscience et tout son humour. Moi aussi, j’espère. Nous étions devenus de tendres complices mais nous sommes-nous jamais vraiment connus?
Joli récit!
Mais c’est curieux que je me souviens de toi visitant mon père et qui avait ramené ma mère de Zurich ou elle était née en 20! Et nos mère ne se sont jamais visitées ?
Amitiés Antoine
Se connaître passe aussi par le fait de connaître de là où on vient..
Toute mon amitié Alex.
Très émouvant!
emouvant vraiment très très
Alex, Émouvant ce récit, que j’ai lu à haute voix à Robert, lui rappelant la belle relation très amicale que ton cher papa entretenait avec son grand père , Albert, le torréfacteur.