Annaïs était née vers les années mille-huit-cent-quatre-vingts à Gex-la-Ville et rien ne la prédisposait à devenir, soixante-cinq ans plus tard, héroïne gexoise, colonel honoraire des FFI et première utilisatrice de la pompe à pression McCormick, sans parler du Championnat du Monde de course en sac, auquel elle échoua de justesse à cause d’un « sale » Italien nommé Peretti.
Chacho Royo
L’histoire remonte à bien longtemps et l’homme qui l’a vécue rechigne encore à l’évoquer. Pour lui, c’est son passé, son honneur et sa déchirure, pas sa carte de visite. Il sait que ses proches savent, mais il n’aime pas en parler et, lorsqu’il le fait, c’est par allusions banalement énigmatiques, afin de ne pas élargir le cercle des initiés.
Nous sommes au printemps 1923, très précisément le 7 octobre, à San Lorenzo, province de Salta, Argentine.
Alexique
Est alexique une personne capable d’écrire mais incapable de relire ce qu’elle a écrit.
Maladie pas si rare que ça, renseignements pris. Figurez-vous que j’en suis victime. C’est tant mieux pour moi, qui suis alexique plus souvent qu’à mon tour, et tant pis pour vous, qui allez devoir me supporter.
Au fil des années, j’ai pondu des textes brefs consacrés à tel personnage, tel lieu, tel événement. Ils se devaient aussi éphémères que leur actualité et, pourtant, j’ai l’outrecuidance de penser que, comme un bon vin, ils ont gagné à vieillir. Je vous livre ici ceux que j’ai pu retrouver dans ma cave… pardon, dans mes archives. Bruts de décoffrage.
Provence
Première excursion en terre provençale Je devais avoir huit ans et sans doute n’appréciai-je pas à sa juste valeur. Ne me reviennent en mémoire que la touffeur du voyage, la peur dans les tunnels, la méchante odeur charbonneuse de la locomotive. Puis la maison amie, dominant la mer. Le jujubier aux fruits aigres, le réservoir d’eau potable, qui nous servait de piscine et dans lequel je prenais un malin plaisir à pisser à grands jets moussus. Les batailles de mantes religieuses aussi, auxquelles nous assistions avec délectation, enfermant les protagonistes sous une cloche de verre, afin que ne nous échappe aucun des détails du meurtrier festin.
Souvenirs d’eau enfin. Noyade à laquelle je n’échappai que d’extrême justesse, jeté et rejeté par la vague, à en perdre souffle et cuir, sur les dents acérées d’une calanque. Puis ce fut le retour et, preuve que ce coin d’univers m’avait peu marqué, je ne crois pas avoir conté le moindre épisode provençal à mes camarades au parler pointu, lorsque revint le temps de l’école et des brumes du nord.
Terre de feu
Il est des noms de lieux qui, par leur simple énoncé, suscitent l’imagination. Syracuse. Tombouctou. Kairouan. L’Acadie. Sans oublier la Terre de Feu. A l’extrémité australe de l’Amérique du Sud, cette île du bout du monde a longtemps tenu dans mon esprit une place de choix. La place, sans doute, qu’occupent les rêves irréalisables. Et puis, un jour, ma route m’a mené jusqu’en Terre de Feu.
Bretagne au coeur
Les Bretons ne sont jamais vaniteux mais, en secret, ils sont orgueilleux. Ils ont pour eux leur conscience et toutes ces consciences mises bout à bout, aussi hétéroclites, aussi différentes, aussi bariolées soient-elles, ont donné naissance à une âme. Ernest Renan l’écrivait voilà plus d’un siècle mais cette particularité, suffisamment rare aujourd’hui pour être signalée, n’a pas pris une ride. La Bretagne non plus, d’ailleurs.
La grande aventure du Transsibérien
Le Transsibérien ! Qui n’a pas rêvé de l’emprunter, de Moscou à Vladivostok ou Pékin, une fois au moins dans sa vie ? C’est ce second itinéraire, bifurquant à hauteur du lac Baïkal, que nous avons choisi d’emprunter, via la Mongolie, le désert de Gobi et la Grande Muraille.
75 ans ! Et vive demain…
Trois quarts de siècle, la belle affaire !
75 ans aujourd’hui. Il va être temps de songer à l’avenir. Un nouveau tour de piste m’attend. Il devrait durer deux bonnes années et me mener vers les lieux et les êtres qui m’ont touché en plein coeur durant plus de cinq décennies de bourlingue. Faisant écho aux récits, livres et reportages déjà publiés ou mis en ligne au fil des ans sur bourlingue.net et sur YouTube, il ne me restera qu’à en faire autant avec les retrouvailles de demain…
Le temps n’existe pas
Voyages, passions, découvertes, surprises, combats, désillusions, enthousiasmes, espoirs et désespérances. Une longue vie derrière soi, plus courte devant. Qu’importe ? Le temps n’existe pas, seuls les événements comptent. Dieu, s’il existe, a créé le temps mais en a-t-il créé suffisamment ? Faute de pouvoir le retenir, ne le laissons pas filer.
Au fait, savez vous à quoi sert cette horloge qui cherche midi à quatorze heures ?